1860 

Les premiers symptômes
d'un rhumatisme tuberculeux

Dans sa correspondance, Tristan fait de fréquentes allusions à sa santé. Apparaissent ainsi les symptômes de l'affection qui devait l'emporter. Tristan se plaint d'engelures aux mains, souffre de rhumatisme articulaire. D'après le diagnostic du Dr Pierre Osenat, il s'agit du rhumatisme tuberculeux de Poncet.


En octobre 1860, les Corbière placent leur fils à Nantes chez son oncle, le Dr Chenantais, où il poursuit ses études tout en bénéficiant des soins de son parent. Le passage de Tristan chez « les Nantais » impressionnera un des fils Chenantais, Jules, le futur Pol Kalig qui contribuera à la postérité littéraire de son cousin. Mais Tristan doit interrompre ses études après la classe de seconde ; son mal s'est aggravé : il souffre de tassements vertébraux et de déformations articulaires. Sa mère l'accompagne pour des séjours en Provence : une cure climatique à Cannes, une cure thermale à Luchon. À la fin de l'année 1862, Tristan rejoint la maison « Bourboulon ». La verve satirique déployée dans ses vers de potache se retrouve alors dans ses vers d'adolescent livré à lui-même. Il met en scène des notables de sa ville et leur trousse des poèmes polissons. En témoigne la « Légende incomprise de l'apothicaire Danet » : le soir venu, dans « sa louche officine », un pharmacien voulant se libérer d'une opiniâtre constipation, se livre à d'étranges ablutions et aperçoit par l'embout du clysoir un chat qui le regarde :

      « Danet cru voir
Un animal qui lui faisait la mine
      Dans son trou noir !…
C'était un chat que la grosse cochonne
      Prise de faim
Avait lapé dans sa rage gloutonne
      Comme un lapin
      Oui comme un lapin ! »