1869
Le séjour italien d'un
« coloriste enragé,
- mais blême »
À Roscoff, Tristan s'est fait un ami en la personne du tenancier
d'une auberge située rue du Port. C'est chez lui qu'il fréquente
une partie des étés quelques peintres montmartrois, des rapins
venus chercher des « impressions » à leurs palettes dans une
Bretagne au ciel d'ardoise, au bord des falaises ourlées d'or,
de schiste et de mica.
Tous sont séduits par celui qui se définira comme un « coloriste
enragé, - mais blême », et c'est avec l'un d'eux, Jean-Louis
Hamon, que Tristan entreprend son premier voyage en Italie en
décembre 1869 pour aller voir un autoportrait de l'artiste exposé
à la Galerie des Offices à Florence.
Les deux amis sont à Capri le 31 décembre et descendent à l'Hôtel
Pagano.
Sur le registre de l'hôtel, Tristan se présente comme « pittore-poëta
», peintre avant d'être poète… registre qu'il paraphe
d'une autocaricature.
Le voyage en Italie lui donne l'occasion de frayer avec d'autres
peintres tels Jean Benner et Paul Chenavard, un ami de Baudelaire,
rencontré à Rome. C'est à Jean Benner, un peintre alsacien qui
avait épousé la fille du patron de l'Hôtel Pagano, que l'on
doit quelques bonnes caricatures de Corbière.
Tristan ne se prive pas non plus pour croquer, à son tour, Benner
ou Jean-Louis Hamon.
Il est de retour à Roscoff au printemps. Encore une année de
répit avant notre poète n'aille moduler son chant nouveau sur
celui des cigales estivales.