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1871
Armida-Josephina Cuchiani, dit Marcelle,
la cigale des Amours jaunes
Quand le printemps de l'année 1871 fut venu, une « cigale » d'origine
italienne qui faisait du théâtre à Paris, vint perturber la
vie du bohème roscovite et lui apprendre un nouveau rôle. Tristan
rencontre le Comte Rodophe de Battine et sa maîtresse, Armida-Josephina
Cuchiani, qui deviendra Marcelle, la muse-égérie des Amours
jaunes, la « cigale » du poème liminaire et du poème
d'envoi, la « Passagère » de « Steam-Boat »,
voire le faux blason de l'édition originale. Tristan invite
le couple à des promenades en mer à bord de son cotre, puis
finit par y embarquer seulement sa « sœur d'amour » :
« Il n'aura pas, lui, ma Peureuse,
Les sauts de gorge houleuse !…
Tes sourcils salés de poudrain
Pendant un grain!
Il ne t'aura pas : effrontée !
Par tes cheveux au vent fouettée !…
Ni, durant les longs quarts de nuit,
Ton doux ennui. »
Une nouvelle romancera encore leur rencontre : L'Américaine, surnom
donné par les Roscovites à l'étrangère. Lorsque le couple repart pour
la capitale en automne, Tristan s'enferme dans sa solitude et se joue
la comédie des grands sentiments. Dans « Le Poète contumace »,
il s'imagine dans la peau de son frère romantique, Tristan de Loonnois,
reclus dans sa tour à Penmarc'h, et lui dédie ce long poème-lettre
d'amour qu'il finira par déchirer à l'aube, dans un excès d'amour-propre
et dans un éclat de rire jaune :
« Sa lampe se mourait. Il ouvrit la fenêtre.
Le soleil se levait. Il regarda sa lettre,
Rit et la déchira… Les petits morceaux blancs,
Dans la brume, semblaient un vol de goélands.»
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