1873
La publication des Amours jaunes
Le recueil des Amours jaunes paraît à compte d'auteur
en août 1873 chez les frères Glady. L'édition financée par le
père Corbière se monte à 481 exemplaires sur papier hollande
et 9 sur papier jonquille.
Bien que le poète ait d'abord présenté neuf de ses poèmes dans
La Vie parisienne entre le 25 mai et le 18 octobre 1873, Les
Amours jaunes passent presque inaperçues, même si des
poèmes, tel « Le Douanier », courent déjà sous le manteau et
font la joie de ses amis, frères de bordée. Trois articles de
journaux de l'époque saluent pourtant le nouveau-venu. Mais
il faudra attendre l'enthousiasme de Paul Verlaine pour le premier
des « poètes maudits » en 1883, et la seconde édition des Amours
jaunes chez Vanier, en 1891, pour que la prédiction des
« Rondels pour après » s'accomplisse :
« Ici reviendra la fleurette blême
[…]
Une folle brise, un beau jour, la sème…»
(«
Male-fleurette »)
En attendant Verlaine et les autres, l'insuccès de ses affaires
de cour et de son recueil, cet « enfant [qui] n'a pas même un
titre menteur » alors qu'ici tout fleurit sur le mensonge et
le paraître, arrachent à Tristan ces quelques vers cyniques
:
« Comme il était bien, Lui, ce Jeune plein de sève !
Âpre à la vie, Ô Gué !… et si doux en son rêve.
[…]
Oh comme il était Rien ! » (« Déclin »)