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1875
Tristan
Corbière,
un «Petit mort pour rire»
Que lui importe alors si un jour son livre « est coté fort cher » et
si « son cour a pris du ventre et dit bonjour en prose », que lui importe
que Marcelle vienne enfin se jeter dans ses bras, quand il a dû calomnier
ses « pauvres amours » et y perdre son âme, quand les chants qu'il écrit
ne sont plus de sa veine, et que ses vers faisandés font sourire aimablement
les dames :
« Lui ne sourira plus que d'autrefois ; il sait
Combien tout cela coûte et comment ça se fait. »
(« Déclin »)
« Et vous viendrez alors, imbécile caillette,
Taper dans ce miroir clignant qui se paillette
D'un éclis d'or, accroc de l'astre jaune, éteint.
Vous verrez un bijou dans cet éclat de teint.
Vous viendrez à cet homme, à son reflet mièvre
Sans chaleur. Mais, au jour qu'il dardait la fièvre,
Vous n'avez rien senti, […]
Lui ne vous connaît plus, Vous, l'Ombre déjà vue,
Vous qu'il avait couchée en son ciel toute nue,
Quand il était un Dieu !… Tout cela — n'en faut plus.
—»
(« Bonsoir »)
Bonsoir ! L'astre jaune, éteint -précision chromatique sans appel-,
la cigale frileuse a ramassé ses ailes et Tristan, qui ne peut
plus en jouer, n'est plus loin du moment où sa mère le ramènera
de l'hôpital Dubois, ce « Dubois dont on fait les cercueils »
trouve-t-il encore la force de plaisanter, et qui fera de lui
enfin, « rime riche et jamais rimée », le 1er mars 1875, un «
Petit mort pour rire ».
« Ils te croiront mort - Les bourgeois sont bêtes -
Va vite, léger peigneur de comètes ! »
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